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  • : Notre priorité : l'action par des actions concrètes et ciblées auprès et avec des villages du Tiers-Monde. STM est une ONG (Organisation Non Gouvernementale) française basée en région parisienne sud à Savigny sur Orge - d'où son nom d'origine.
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L’école maternelle pour les enfants d’Haïti ?

Vincent Laroussinie, volontaire de ESF (Ecoles Sans Frontieres), a fait appel à STM dans le cadre du développement d'un tout nouveau projet.

D'octobre 1998 à 2000 STM a soutenu son action de coopération destinée à former des enseignants en Haïti.

Il nous explique, dans le document ci-dessous, quels sont les enjeux du projet.

Quand le système éducatif ne sert plus.

Cette année encore les résultats du Baccalauréat Haïtien ne dépassent pas les 7% de reçus au premier tour. Malgré cette sévère sélection, nombre des heureux lauréats n’ont pas un niveau suffisant pour suivre des cours universitaires. L’école Haïtienne ne forme pas ses jeunes, ni professionnellement, ni intellectuellement. L’État, englué dans une crise institutionnelle, cela fait plus d’un an qu’il n’y a plus de gouvernement, n’a aucune capacité de réagir et d’entreprendre une vraie réforme en profondeur susceptible d’inverser cette tendance. Car c’est tout le système scolaire qu’il faut repenser et réorganiser en remettant l’enfant, dés son plus jeune âge, au centre de ses préoccupations. Pourtant l’enseignement préscolaire n’est pas une priorité du ministère de l’éducation nationale et rien n’avait été prévu dans le plan national de formation des maîtres...

Un oubli grave dans la perspective du relèvement de l’éducation.

En matière d’éducation maternelle, dite préscolaire, tout est à faire. En raison du contexte éducatif c’est un terrain privilégié car relativement récent, encore ouvert et à développer, une tâche utile et passionnante pour laquelle l’aide internationale ne se bouscule pourtant pas. Les données économiques et démographiques d’Haïti en font aussi un domaine dans lequel il est désormais indispensable de tourner ses efforts pour reconstruire l’éducation Haïtienne sur des bases saines. En effet le préscolaire est une des réponses aux problèmes du bilinguisme à l’école (langue maternelle créole, langue d’enseignement français), de l’échec scolaire (87% des élèves du primaire sont en retard scolaire, seulement un tiers d’entre eux terminent ce cycle, le plus fort taux de redoublement se retrouve dans les premières années du primaire, alors qu’un enfant ayant suivi le préscolaire améliore sensiblement sa réussite scolaire), de la surpopulation des classes (56% d’augmentation des effectifs ces six dernières années, 30% de prévu dans les trois années à venir) et d’une meilleure maîtrise des coûts de scolarisation (assurés essentiellement par les parents à hauteur de 15% du revenu moyen des familles, pour un montant équivalent à plus de 12% du PIB contre 1,78% au budget de l’éducation nationale). Sans oublier le développement physique et mental harmonieux de l’enfant qui n’est guère pris en compte au primaire (méthode rétrograde, aucune individualisation de l’enseignement, aucune activité sportive, manuelle, culturelle ou artistique, châtiments corporels, humiliations, ...).

Si au dernier recensement (96-97) 56% des écoles Haïtiennes posséderaient des classes de préscolaire, en revanche aucun chiffre n’est disponible quant au nombre d’enfants ayant effectivement suivi cet enseignement. On peut estimer que moins d’un élève du primaire sur cinq est passé par le préscolaire (ils sont inscrits prioritairement en première année).

L’existence de classes préscolaire dans les écoles du département de l’Artibonite est de 12 points supérieure à la moyenne nationale et est la plus forte avec celle du département de l’Ouest (Port au Prince comptant un grand nombre d’écoles maternelles privées et 35% de la population), 68% des écoles posséderaient des classes de préscolaire. Cela représente 21% des écoles du pays ayant du préscolaire (pour 14,2% de la population). En créant une coordination de l’enseignement préscolaire dans l’Artibonite on touche ainsi un cinquième des classes de préscolaire d’Haïti. Avec à terme l’espérance que par effet d’entraînement et l’expérience acquise pendant ce projet les autres départements suivront.

Un enseignement préscolaire de qualité pour une transformation de l’école.

Cet aspect est de la plus grande importance sous peine de voir continuer à fonctionner de nombreuses classes de préscolaire de qualité médiocre (très peu de maîtres ont été formés) et dont l’impact sur l’ensemble du système se révèle négatif (augmentation des charges scolaires pour une efficacité nulle, voire négative quand les contenus pédagogiques ne sont pas adaptés au développement mental des enfants en âge préscolaire). Il ne s’agit pas de retomber dans les erreurs de l’école primaire, dont l’existence même pourrait être remise en cause en l’État actuel, mais au contraire de l’influencer par des pratiques pédagogiques plus adaptées. Préparer mieux les enfants pour qu’ils influent la vie de leurs écoles.

Former les maîtres et leur personnel d’encadrement, organiser une coordination des activités préscolaires dans le département et participer aux campagnes nationales en faveur du préscolaire sont les principaux enjeux du projet. Un partenaire d’excellence en la matière, le Centre d’Éducation Spéciale. Le CES est une organisation non-gouvernementale Haïtienne reconnue d’utilité publique, créée en 1976, dont les programmes incluent, outre les formations de maîtres et d’inspecteurs du préscolaire, programme "Timoun Byen Vini", l’attention aux enfants et aux jeunes handicapés et la responsabilisation des parents, programme "Paran Responsab". Plusieurs structures du CES fonctionnent déjà dans deux départements, l’Ouest et le Nord et de nombreuses autres ont bénéficié des formations du CES.

Le Ministère collaborera à ce projet à travers son Bureau de Gestion du Préscolaire en participant aux formations, en nommant de nouveaux maîtres et inspecteurs dans le département et en continuant à promouvoir l’éducation préscolaire à l’échelle nationale.

Les formations prévues s’inscrivent dans l’objectif de "l’amélioration de la prédisposition à l’apprentissage par le renforcement et l’intégration des dispositifs de soutien à la petite enfance" du Ministère de l´Éducation Nationale.

Les formations initiales sont destinées en priorité aux professeurs nouvellement nommés, en particulier ceux du secteur public afin que la cohorte issue du Plan National de Formation soit au meilleur niveau pédagogique. Elles doivent aussi toucher les professeurs exerçant déjà sans avoir été formés.

Les formations continues sont destinées à consolider les connaissances et les pratiques pédagogiques des professeurs ayant déjà reçu des formations, du secteur public (peu nombreux mais en majorité actuellement dans le département) et du secteur privé, afin de valoriser leur expérience pour parvenir à un niveau d’excellence de l’enseignement préscolaire et de mettre en évidence ses effets positifs sur l’ensemble du système. Si au prochain recensement des écoles le Ministère pense enfin à inclure les données concernant le préscolaire, alors un premier pas aura été franchi.

Vincent Laroussinie
Écoles Sans Frontieres
BP 15096 Petionville
Haïti W.I.

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